C'est dans l'adversité que se révèlent les vrais amis

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1er septembre 1991

Bien que je n'aie jamais vraiment apprécié l'école, j'avoue que ce 1er septembre 1991 était une journée particulière que j'attendais avec impatience. Comme mes frères et mes parents avant moi, j'allais embarquer à bord du Poudlard express pour me rendre dans la plus célèbre école de sorcellerie : Poudlard, et y rencontrer les professeurs dont George et Fred ne tarissaient pas d'éloges ou, au contraire, se moquaient ouvertement. Je me souviens que durant cette fin de vacances, l'excitation était à son comble.

Comme chaque été, nous nous étions rendus sur le Chemin de Traverse pour y faire quelques achats. Je possédais déjà un animal de compagnie (un rat prénommé Croûtard que j'avais hérité de Percy), j'avais récupéré les vieilles robes de sorciers datant de l'époque où Bill était en première année et même ma baguette était d'occasion puisqu'elle appartenait auparavant à Charlie, mon frère aîné. Néanmoins, nous avions besoin de quelques ingrédients et matériels nécessaires à notre parcours scolaire. J'avais conscience que mes parents, ayant des revenus modestes, concédaient à de nombreux sacrifices pour nous faire plaisir. J'étais donc bien décidé à les remercier, ne fût-ce qu'en affichant mon enthousiasme face à cette année scolaire qui allait être très particulière.

Je n'oublierai jamais ma première rencontre avec celui qui allait devenir non seulement mon meilleur ami, mais également mon beau-frère. La gare de King's cross était noire de monde, ce jour-là. De nombreux voyageurs se croisaient sur les quais et il nous fallut nous faufiler parmi les Moldus pour atteindre la barrière menant à la voie 9 ¾. Percy l'avait déjà franchie quand nous entendîmes une voix prononcer un « Excusez-moi » timide. En nous retournant, nous vîmes un jeune de mon âge qui hésitait à s'approcher. Je ressentis un élan de sympathie pour cet adolescent qui me ressemblait un peu même si notre apparence physique était très différente. Par contre, rien qu'à son allure, je sus que j'allais bien m'entendre avec lui. Il portait lui aussi de vieux vêtements d'occasion d'un gris délavé, mais les siens étaient bien trop grands pour sa corpulence chétive. Ses lunettes rafistolées avec du papier collant semblaient également indiquer qu'il était issu d'une famille modeste. Sur son chariot, quelques valises étaient disposées en vrac et le tout était surmonté d'une cage contenant une magnifique chouette blanche, rien à voir avec Coquecigrue...

Immédiatement, ma mère le prit sous son aile et lui donna quelques conseils. Lui aussi paraissait avoir le trac, il semblait également dubitatif, comme s'il doutait que le Poudlard express puisse se trouver de l'autre côté. Il se tourna vers la barrière qui paraissait très solide entre les deux tourniquets, prit son courage à deux mains, et, penché sur son chariot, il se mit à courir pour disparaître quasi instantanément. Ce fut à mon tour. Je m'y précipitai pour le rejoindre, mais je fus un peu déçu de ne pas l'y retrouver ; il avait sans doute poursuivi son chemin à la recherche d'une place assise.

Il était presque 11 heures. J'attendais patiemment de pouvoir faire mes adieux à maman et Ginny, ma petite sœur, avant d'embarquer dans le train. C'était sans compter sur l'obstination de ma mère qui, sortant un mouchoir de sa poche, tenta vainement de me frotter le bout du nez pour y faire disparaître une tache tenace. Fred et George en profitaient pour se moquer de moi. Avant d'embrasser notre mère et de lui promettre de veiller sur moi (...comme si à 11 ans j'étais incapable de le faire moi-même), ils annoncèrent que le garçon rencontré plus tôt n'était autre qu'Harry Potter ! Oui, le célèbre Harry, celui à la cicatrice en forme d'éclair. Je n'en croyais pas mes oreilles. Celui qui a vaincu Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom allait se retrouver en 1e année comme moi. Et avec un peu de chance, nous serions peut-être dans la même maison. Venant des jumeaux, cela semblait être une blague. Il fallait que je m'en assure. J'embrassai une dernière fois ma mère et Ginny qui la suppliait de pouvoir monter dans le train pour voir Harry Potter en personne. Déjà, à 10 ans, il la fascinait... Je grimpai à bord et, avec Fred et George et nous parcourûmes le train à la recherche de places libres. Les sièges étaient remplis, les jumeaux décidèrent de rester dans le wagon du milieu avec Lee Jordan qui avait apporté une tarentule, tandis que je continuai de chercher des yeux le garçon à la cicatrice. Finalement, je le retrouvai dans un compartiment vide. Il se tenait assis près de la fenêtre et regardait les maisons qui défilaient le long de la voie.

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